Plus fort que le Big Mac,
Le Big Brebis
Lui : – Chérie, elle est trop cuite cette baguette !
Elle : – Les autres, à la boulangerie ce matin, elles étaient toutes pâles. C’était la seule appétissante…
Lui : – Bon, ok, on va faire avec.
Il sort une grosse pierre grise du frigo. La croute a l’air moisie.
Elle : – Tu vas faire des sandwiches avec ça ?
Lui : – Tiens ! Je vais me gêner peut-être ? De la tomme de brebis venue directement des Landes, bio. Je l’ai prise au marché hier.
Il saisit le plus grand couteau et en coupe quelques tranches. Épaisses comme la paresse d’un employé de mairie. Il ouvre la baguette en deux, dépose un filet d’huile d’olive tout du long, aller et retour. Juste à côté de lui, dans la poêle en tôle noire, le lard chante.
Elle : – Et Bérénice, tu crois qu’elle va aimer ?
Lui : – Meuh oui ! J’vais pas lui mettre de poivre, c’est tout.
Elle : – Et pas d’oignon surtout. Elle déteste les oignons, Bérénice.
Lui : – Ah… Ces gosses !
(3 minutes plus tard)
Lui : – Et voilà ! C’est pas mieux que des carrés de pain mou, avec du mauvais beurre et des bouts de jambon rose ?
Elle : – Humm, c’est vrai que ça a l’air drôlement bon… Mais tu crois que ce sera pratique, en voiture ? Comme tu ne veux jamais t’arrêter…
Lui : – Oh, écoute… J’en ai marre ! Ça sert à quoi de se donner de la peine ? Et d’abord, ça me donne faim. Tiens, je vais le manger tout de suite, le mien. Fais ce que tu veux !
Il mord à pleines dents dans la croûte dorée. Un bout de lard et une tomate tombent sur la pointe de sa chaussure.
Lui : – Ah merde! Si tu veux, pour déjeuner, on s’arrêtera sur une aire d’autoroute.
Elle : – Comme tu le sens mon chéri…
faites votre marché: Du pain ! (1/2 baguette, ou 2 belles tranches de pain complet), 3 tranches de poitrine fumée, 100 g de tomme de brebis fermière, 1 oignon frais, 1 petite tomate, qq feuilles de salade (cresson, mâche, roquette, laitue…), 2 brins de ciboulette, huile d’olive, sel, poivre.
L’œil du photographe: Une photo faite en studio à la chambre numérique, avec un objectif grand-angle pour renforcer les perspectives, « rentrer » dans le sandwich. Merci à Geneviève Peron, © photo et textes Jean-Michel Renaudin